CJEU sur le registre de la propriété effective : un pas en arrière dans la lutte contre le blanchiment d'argent
A la fin du mois de novembre 2022, la Cour de Justice de l'Union européenne (CJUE) a rendu une décision sur les registres de la propriété bénéficiaire (BO) qui a un impact sur tous les registres BO des pays européens. Selon la CJUE, la possibilité pour le public d'avoir un aperçu des BO n'est pas conforme à la réglementation européenne. De nombreux pays européens ont réagi immédiatement. Les principales réponses ont été des restrictions et des fermetures des registres BO respectifs.
La quatrième directive européenne sur le blanchiment d'argent, adoptée le 20 mai 2015, obligeait les pays européens à mettre en place un registre d'identification de la propriété bénéficiaire des entreprises et autres entités juridiques connexes. De nombreux experts ont considéré qu'il s'agissait d'une étape importante dans la lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme. Les registres contiennent des informations pertinentes sur les bénéficiaires, telles que le premier et le dernier nom, le lieu de naissance, le type d'intérêt économique, etc. Cela a été un soutien significatif pour plusieurs autorités et procureurs. De même, les parties obligées de KYC, telles que les banques, les conseillers fiscaux et les agents immobiliers, ont bénéficié de ces registres pour remplir leurs obligations.
Un entrepreneur luxembourgeois, propriétaire de plusieurs sociétés telles que Luxaviation, a déposé une plainte contre l'exposition de ses données personnelles dans le registre BO. Selon lui, il craint d'éventuels harcèlements et enlèvements de sa famille et de lui-même résultant des données exposées dans les registres de transparence.
Cela a conduit à la décision du CJEU que les informations personnelles ne peuvent être exposées qu'à des personnes ayant des intérêts pertinents, alors que ces intérêts doivent être analysés avec soin pour toutes les entreprises concernées. En conséquence, les efforts administratifs des autorités, des procureurs et des parties obligées augmenteront considérablement. Par conséquent, l'identification des BO devient plus chronophage et plus coûteuse. Compte tenu du fait que les ressources de ces entités sont limitées, il est clair que cette décision représente un recul majeur pour la lutte contre la criminalité financière.
CURENTIS, en tant que société spécialisée dans la lutte contre la criminalité financière, convient de l'importance de la protection des données des OD. Toutefois, cela ne devrait pas se faire au détriment de la lutte contre la criminalité financière. La mise en œuvre d'un registre des OD à l'échelle de l'UE, avec une définition claire des parties qui y ont accès, serait une solution efficace aux problèmes mentionnés ci-dessus.