Révision de la LBA suisse - Qu'est-ce qui attend les banques suisses ?
Après que le GAFI a identifié des points faibles dans le cadre du rapport national sur la Suisse en 2016, la Suisse a été amenée à réviser intensivement sa loi sur le blanchiment d'argent. Le résultat de cette révision entrera finalement en vigueur le 1er janvier 2023 - mais quels sont les changements concrets qui en découlent et quels défis peuvent survenir dans la mise en œuvre pratique ?
- Ces questions ont fait l'objet de discussions approfondies dans le cadre de la 10e conférence zurichoise sur la loi sur le blanchiment d'argent, qui s'est tenue le 13 octobre. Il s'agit en particulier de deux thèmes centraux qui peuvent avoir des conséquences importantes pour les établissements financiers et les autres personnes soumises à l'obligation de blanchiment d'argent : "Vérification de l'identité des ayants droit économiques" et "Vérification de l'identité des personnes physiques".
- "Mise à jour des données clients"
CURENTIS examine les modifications apportées à ces thèmes par la révision partielle de la loi suisse sur le blanchiment d'argent et ce que cela pourrait signifier pour les personnes soumises à l'obligation de blanchiment d'argent.
Vérification de l'identité des ayants droit économiques
Le GAFI a critiqué le fait qu'il n'existait jusqu'à présent aucune obligation générale et systématique de prendre des mesures appropriées pour vérifier l'identité des ayants droit économiques des clients, indépendamment du risque. La loi révisée prévoit donc à l'avenir, à partir du 01.01.23
"L'intermédiaire financier doit identifier l'ayant droit économique et vérifier son identité avec toute la diligence requise par les circonstances, afin de s'assurer de l'identité de l'ayant droit économique".
Dans ce cas, les spécialistes parlent toutefois de la création d'une base légale pour une obligation déjà existante en Suisse et renvoient à l'obligation de constatation selon 305ter CP.
Néanmoins, la modification légale de la LBA a sa raison d'être, car l'accent doit être mis non seulement sur l'identification de l'ayant droit économique, mais aussi sur la vérification de son identité. Selon le message du Conseil fédéral suisse, cela implique notamment de remettre en question les informations fournies par le client. Les personnes soumises à l'obligation d'informer devraient savoir sans aucun doute qui est l'ayant droit économique de leur client pendant toute la durée de la relation d'affaires. Il convient de prendre des mesures pour vérifier la plausibilité des informations à l'aide de sources appropriées (par exemple, connaissances tirées du profil du client, informations publiques). Le simple fait de demander une copie de la carte d'identité de l'ayant droit économique ne suffit pas à remplir l'obligation. CURENTIS part donc du principe que les entreprises suisses soumises à l'obligation de lutte contre le blanchiment d'argent devront, à l'avenir, augmenter considérablement leur personnel chargé de vérifier la plausibilité des informations relatives à l'ayant droit économique.
Mise à jour des données des clients
Jusqu'à présent, l'actualisation des données et des informations relatives au cocontractant ou à l'ayant droit économique ne devait être effectuée que dans la mesure où des doutes étaient apparus au cours de la relation d'affaires. Le GAFI a toutefois critiqué l'absence concrète d'une obligation explicite de garantir l'actualité des données des clients, de sorte que l'obligation de vérifier périodiquement les pièces justificatives selon l'art. 7 al. 1 LBA entrera en vigueur le 01.01.23 :
"Il vérifie périodiquement l'actualité des pièces justificatives requises et les met à jour si nécessaire. La périodicité, l'étendue et le type de vérification et de mise à jour dépendent du risque que représente le cocontractant".
Cette obligation s'appliquerait à toutes les relations clients, indépendamment des risques, et garantirait la mise à jour périodique et indépendante des événements des données et informations. Il n'a pas encore été défini de quelles données il s'agit concrètement ni comment la mise en œuvre opérationnelle doit être organisée. Au contraire, les personnes soumises à l'obligation doivent d'ores et déjà s'attendre à un nombre accru d'heures de travail et à des dépenses supplémentaires pour garantir la mise en œuvre de la modification de la LBA.
Conclusion de CURENTIS SA :
Dans le cadre de la participation à la 10e réunion zurichoise sur la loi sur le blanchiment d'argent, on a notamment pu constater l'incertitude de nombreux participants, pour la plupart issus du secteur bancaire, quant aux conséquences concrètes des changements décrits. La vérification de l'identité des ayants droit économiques semble être un défi plus important, car jusqu'à présent, il n'est pas possible de définir plus avant comment la mise en œuvre opérationnelle doit se présenter concrètement.
Pour les établissements de crédit suisses, il faut s'attendre à une augmentation de la charge de travail résultant de la révision de la loi sur le blanchiment d'argent. En outre, l'adaptation des politiques, des processus et des contrôles ou la mise en œuvre d'adaptations techniques seront nécessaires.
Les effets concrets de la révision de la loi sur le blanchiment d'argent n'apparaîtront en partie que dans la pratique des prochaines années - CURENTIS SA garde un œil sur cette question.